Au Salon des maires, Colas lance la commercialisation de Wattway
Après trois ans de tests et 46 expérimentations, le groupe Colas lance ce 19 novembre la commercialisation de sa route solaire Wattway. Pour cette première étape, de petites surfaces, sur des équipements difficiles à raccorder au réseau, sont privilégiées.
Jessica Ibelaïdene
Il aura fallu trois ans de tests, 46 expérimentations, et quelques péripéties avant d’y parvenir. Mais malgré cela et les critiques qui ont pu émailler ce parcours, Colas ne doute pas de Wattway et de la technologie de rupture qu’elle représente.
D’ailleurs, l’entreprise profite du 24e Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) pour annoncer la prochaine étape de son développement : elle lance en effet la première étape de commercialisation de sa route solaire ce 19 novembre.
« L’offre Wattway pack se positionne sur un premier segment, avec quelques m² de dalles et une armoire, pour alimenter des équipements à proximité de la voirie mais difficiles à raccorder au réseau électrique », décrit Etienne Gaudin, directeur de Wattway, assurant que ce créneau permet de trouver une rentabilité économique.
Les offres vont de 9950€, pour 3 dalles (soit 3m²) et une batterie d’1kWh, à 30 000€ pour 12m² et 5kWh, pose comprise. Pour l’entretien, il faudra en revanche compter sur « un service complémentaire », à la demande.
Trois types de marchés adressés
A l’issue des tests, « trois types de marchés ont été considérés comme intéressants » pour ce lancement, explique Etienne Gaudin.
Le premier concerne les mobilités douces, « avec des recharges de vélos ou le développement d’aires de services. En Ile-de-France, par exemple, nous savons qu’avec 6 dalles et une capacité de 3kWh, nous pouvons assurer une quinzaine de recharge de vélo par jour », avec une autonomie de sept jours s’il n’y a pas de soleil. Les usages seront cependant principalement périurbains, ainsi qu’en pleine campagne, sur des itinéraires de cyclotourisme par exemple.
Le deuxième cas d’usage sur lequel s’appuie Colas concerne la sécurité. A Montpellier, un test a été réalisé pour l’alimentation d’une caméra de vidéosurveillance. Là, le réseau électrique est proche, mais située à proximité d’une grande artère et d’un carrefour avec beaucoup de passage, la collectivité a considéré que la solution Wattway était « la plus rapide à mettre en place, en moins de deux jours, et la moins chère », selon Etienne Gaudin.
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Ici, le développement en zone urbaine peut donc être approprié. Il peut aussi se focaliser sur l’alimentation de barrières électriques ou sur le renforcement de la luminosité autour de passages pour piétons, comme Colas l’a testé à Châteauneauf-le-Rouge (Bouche-du-Rhône), ou encore sur de la signalisation verticale.
Dernier type de marché à adresser : l’alimentation de mobilier urbain. « Il existe un peu de demande autour des abris-bus ou de bancs connectés avec de la Wifi et des prises de recharges pour téléphone par exemple », explique le directeur de Wattway. Cela peut concerner des zones périurbaines ou « des centralités où l’aménagement a déjà été fait, et où l’on rajoute un élément, sans avoir à tout casser ».
Déploiement sur des trottoirs et des pistes cyclables
Pour le moment, ce sont des petites surfaces accueillant des mobilités douces qui sont privilégiées : trottoirs, pistes cyclables ou bas-côtés. « Nous visons toujours à terme le déploiement sur les rues et voiries avec du trafic urbain ou interurbain moyennement dense, comme les départementales, assure Etienne Gaudin. En revanche, nous ne visons pas les routes nationales ou les autoroutes. »
Par ailleurs, le retour d’expérience dans des zones urbaines denses ne semble pas concluant, ni pertinent. « A Boulogne-Billancourt, où notre solution est installée sur une voirie où passent 4 000 véhicules par jour, à 20km/h en moyenne, l’ombrage génère trop d’impact, les performances énergétiques ne sont pas à la hauteur. »
En effet, la production moyenne à Boulogne-Billancourt est de 40kWh par m2 et par an. « Pour avoir un bon rendement, nous estimons qu’il faut atteindre au moins 60kWh par m2 et par an, en fonction des conditions et du raccordement. Mais nous visons plutôt du 80kWh par m2 et par an, et nous pouvons même atteindre les 120kWh dans certains endroits. »
Autoproduction à moyen terme
Quid de l’autoproduction/autoconsommation ? « Nous devrions trouver une pertinence, en installant nos dalles dans des allées de parking par exemple, pour alimenter un bâtiment en complément d’une autre source d’énergie. La route reste un espace disponible que nous pouvons exploiter. Nous avons encore deux années de travail pour parvenir à la maturité technique nécessaire ».
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Techniquement justement, Wattway a développé depuis un an et demi une nouvelle version de sa dalle, plus robuste et qui résiste mieux aux différentes conditions climatiques. « Nous sommes confiants sur les performances sur des voiries accueillant des mobilités douces, raison pour laquelle nous lançons la commercialisation, en plus de considérée la solution comme économiquement viable. Nous avons cependant besoin de tests complémentaires pour les parties plus circulées », reconnaît Etienne Gaudin.
Pas encore mature sur la revente de l’énergie
Concernant l’installation de dalles afin de revendre l’énergie produite, si l’objectif n’est pas abandonné, il faudra attendre plus longtemps. « Nous ne sommes pas matures, nous devons produire une électricité moins chère et, pour faire baisser le prix, nous devons faire du volume et travailler sur la pose pour réduire les coûts d’installation », admet le directeur de Wattway.
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Et d’ajouter : « nous sommes sur un sujet de longue haleine. Nous avions besoin de temps pour atteindre un niveau de robustesse satisfaisant et trouver un modèle économique pertinent ».
Confiant, Colas ne s'avance pas sur des objectif de commercialisation pour cette première étape. « Les expérimentations nous ont montré qu’il existait un appétit, nous voulons confirmer cet intérêt et développer des canaux de vente en direct, mais aussi par le biais de partenariats avec des entreprises qui installent des équipements et ont des difficultés à trouver des solutions pour leurs clients. »
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