Arnaud Salmon, artisan maire
Elu maire de la célèbre station balnéaire Dinard le 28 juin dernier, Arnaud Salmon, 42 ans, entrepreneur en pose de carrelage, est la 4e génération sur la commune depuis 1927.
Laurent Duguet
Il s’en est fallu de peu. Le 28 juin dernier, lors du second tour des élections municipales, Arnaud Salmon a été élu maire de Dinard, en Ille-et-Vilaine, avec un score de 42,24 % et seulement 99 voix d’avance sur son concurrent immédiat, alors qu’il partait avec un handicap de 11 points après le 1er tour. Jusqu’ici, Arnaud Salmon était plus connu par son activité professionnelle, celle de dirigeant d’une entreprise artisanale du bâtiment, Salmon Carrelage, spécialisé dans le carrelage et le revêtement de sols. Créée en 2002, l’entreprise qui affiche 12 salariés, pour un CA compris entre 1,2 et 1,5 M€, est tournée vers des chantiers de particuliers et de commerces, notamment via des prescripteurs. S’il reste discret sur ses clients, son dirigeant admet être intervenu sur la Villa Greystones, à la pointe des Malouines, propriété de François Pinault. L’entrepreneur dispose d’une autre corde à son arc, celle de distributeur de carrelage avec Ceramikas, créé en 2012 : « Pour nous différencier, je pars régulièrement en Italie chercher de nouvelles formes de céramiques, comme la pierre de lave, explique Arnaud Salmon. L’originalité de l’approche de la distribution a permis d’améliorer la notoriété de l’activité de pose auprès de la clientèle parisienne ».
Une histoire familiale
Quatre générations auparavant, en 1927, Henri Salmon, l’arrière grand-père du nouveau maire, s’implante à Dinard. Le début d’une transmission familiale s’enclenche : « Mon arrière grand-père était plâtrier, carreleur, cheministe et fabriquait des escaliers sur voûte sarrasine, raconte Arnaud Salmon. Mon grand père, Roger, a connu une période faste, sur le chantier du barrage de la Rance, où il a posé l’ensemble du carrelage des maisons destinées aux agents d’EDF. Quant à mon père, qui a cessé son activité en 2006, il s’était mis à son compte avec une entreprise plus modeste tournée vers la rénovation et les marchés privés ». Pourtant, Arnaud Salmon n’a pas d’abord choisi cette direction. Ses parents se séparent quand il a deux ans, en 1979, et il est élevé par sa mère : « Certes, lorsque je me rendais chez mon père, je mettais les mains dans la colle, mais j’ai opté pour un cursus général ». Il obtient un Bac S (mathématiques) en 1995 et tente par deux fois, sans succès, le concours de médecine. Il décide de prendre la relève familiale, mais son père ayant déjà un apprenti, il se tourne vers un DUT Gestion des entreprises et des administrations. Sitôt diplômé, en 1999, il suit un CAP de carreleur mosaïste dans un CFA. Il a 23 ans et décroche deux ans plus tard la médaille d’or du meilleur apprenti de France…avant de se mettre à son compte. Pour expliquer cette pugnacité, Arnaud Salmon avance une explication : « J’ai débuté l’escrime à 7 ans, dans l’un des cinq meilleurs clubs de France ! J’ai été un sportif de haut niveau, au moins jusqu’en 3e où je suis monté sur le podium aux championnats de France ! ». Engagé comme responsable de la FFB du Pays de Dinard et membre du Centre des Jeunes Dirigeants, où il a appris le management transversal qu’il applique dans son entreprise, Arnaud Salmon va quitter la plupart de ses mandats associatifs ou professionnels : « Je ne resterai qu’au CJD », précise le dirigeant qui s’était engagé, pendant la campagne du 1er tour, à passer 80 % de son temps en mairie et de « réduire ses revenus issus de l’entreprise. »
Le maire inspiré par sa mère
Lancé en août 2019 dans son projet de conquête de la mairie, l’ancien conseiller municipal aurait préféré un autre contexte : « Avec 11 points de retard au soir du 1er tour, je me suis retrouvé le 17 mars avec l’arrêt de mon entreprise ! Après une période de chômage partiel, nous avons repris progressivement le 6 avril, au moins pour terminer la rénovation de l’hôtel d’un hôtel à Saint-Malo et donner à ses propriétaires une chance de pouvoir rouvrir. Nous avons beaucoup travaillé sur la campagne pendant cette période, avons signé l’engagement sur les 30 propositions d’Anticor, notamment celui de confier la vice-présidence de la commission des finances à un élu de l'opposition. Enfin, nous avons réussi à inverser la tendance en écrivant personnellement aux électeurs ». La commune est l’une des rares à avoir noté une progression de son taux de participation (+ 6 %) entre les deux tours. S’il n’a rien lâché, Arnaud Salmon puise peut-être cette énergie auprès de sa mère : « J’ai été sensibilisé très tôt avec l’engagement de ma mère sur une liste locale en 1989 puis de ma soeur une dizaine d’années plus tard ! ».
Le nouveau maire veut « lancer un dispositif anti spéculatif en créant une offre de logements accessible, aménager un petit quartier d’affaires et des espaces de coworking, proposer une politique sociale et culturelle adaptée à toutes les générations ». Pour l’instant, le premier édile se retrouve à agir en pleine période estivale dans « une situation imprévue et un contexte sanitaire très incertain ». Lui qui n’a pas mis un pied dans l’entreprise Salmon Carrelage depuis des semaines, n’oublie pas ses collaborateurs qu’il remercie « pour leur engagement professionnel dans une période à la fois incertaine et intense ». L’enfant de Dinard n’oublie personne.
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