Architectes Etat des lieux d'une profession dans la tourmente

-En 1996, 26 797 architectes étaient inscrits au tableau de l'Ordre. -Depuis 1983, les modes d'exercice de la profession ont beaucoup évolué.

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Créé en 1993 à l'initiative de l'Ordre des architectes et placé sous la responsabilité de Nicolas Nogue, un HEC doublé d'un historien de l'architecture, « l'observatoire de l'économie de l'architecture » publie chaque année un bilan de la profession. Croisant et analysant sur le long terme plusieurs sources (CNOA, écoles d'architecture, Insee, Cipav, Faf-PL...) avec les incontournables statistiques annuelles de la Mutuelle des architectes français (1), il constitue un précieux indicateur pour déterminer et ajuster les stratégies individuelles et collectives de la profession face aux évolutions de fond qui la touchent. Particulièrement bien illustré de cartes et de graphiques, le bilan 1996 dessine une profession dont la démographie s'est stabilisée : 26 797 architectes inscrits au tableau de l'Ordre en 1996, contre 26 225 en 1991. Cependant l'afflux des jeunes diplômés des années 80 a bouleversé la structure par âge et par sexe de la profession ; les architectes de moins de 39 ans étaient 7,6 % en 1983, ils sont plus de 30 % en 1996. La profession s'est ouverte aux femmes, mais reste très largement masculine.

Les modes d'exercice de la profession ont beaucoup évolué sur la période : réduction de l'exercice libéral, explosion du nombre des sociétés d'architecture (voir graphique en p. 6), qui passe de 703 en 1983 à 2 822 en 1996. L'ampleur du phénomène est telle, observe Nicolas Nogue, « qu'elle pourrait révéler une évolution structurelle de la profession : un nombre croissant d'architectes s'orientent vers l'exercice en société commerciale plutôt qu'en libéral ». Les 15 500 agences françaises recensées sont de petites structures : plus de 60 % n'ont pas de salariés, 88 % moins de quatre, et 200 agences seulement plus de 10 salariés. Les architectes solitaires génèrent 30 % du chiffre d'affaires de la profession, contre 50 % pour les 12 % d'agences de plus de trois salariés...

Une crise sans précédent

Suivant les chiffres de l'Ordre, le revenu moyen des architectes a baissé de 22,3 % entre 1990 et 1995. Suivant la Cipav (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d'assurance vieillesse), 30,5 % des architectes génèrent, en 1995, moins de 90 000 francs de revenus (BNC) par an, contre 26 % en 1992. Quant aux volumes de travaux enregistrés par la MAF, ils sont en repli de 15 % entre 1991 et 1994. Une baisse de l'activité qui devrait se poursuivre en 1996, dit Nicolas Nogue, qui estime qu'il faut remonter aux années 30 pour retrouver une telle récession.

Ce repli touche inégalement les architectes, selon les tranches d'âge, mais aussi les régions. Les architectes implantés dans le midi et en Ile-de-France sont plus durement touchés que ceux du Nord et de l'Est. A rapprocher (carte ci-contre) de la répartition de la profession dans l'Hexagone, où l'on constate les mêmes disparités : plus de 70 % des architectes sont regroupés dans six régions (l'Ile-de-France et la ceinture méridionale). Ainsi, les architectes du Nord - Pas-de-Calais (un pour 5 140 habitants) ont vu leur activité croître de 21,4 % entre 1991 et 1994, alors que ceux d'Ile-de-France (un pour 1 115 habitants) voyaient leur activité baisser de 28,2 %.

Hypersensibilité à la conjoncture

Cependant, sur le long terme, la part de travaux de la profession dans la production totale de bâtiment a progressé. Ce « taux de pénétration » des architectes est passé de 26,3 % en 1982 à 37,7 % en 1991. Il a baissé ensuite jusqu'à 32,6 % en 1994, montrant l'hyperréactivité de la profession face à la conjoncture. En temps de récession, les marchés des architectes se replient davantage que ceux du bâtiment. Inversement, ils progressent plus vite en période d'embellie économique. Ainsi, note Nicolas Nogue, « alors que l'activité du bâtiment augmentait de 45,4 % entre 1984 et 1992, celle des architectes augmentait de 122 % ! ».

Au total, les architectes n'interviennent que sur un tiers du bâti (neuf et entretien-amélioration confondus), mais sur 51,4 % des travaux neufs, et 16 % des travaux d'entretien-réhabilitation. La faiblesse du taux de pénétration sur les marchés du logement (25 %) s'explique par le poids de la maison individuelle où ils interviennent peu. La profession est mieux placée dans le secteur non résidentiel où elle intervient sur 43 % des travaux.

(1) Le Moniteur du 9 mai 1997, page 22.

CARTE : UNE FRACTURE NORD-SUD. Les architectes sont très nombreux en Ile-de-France et dans le Midi où ils sont aussi plus touchés par la crise.

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