Aménagement intérieur Un bâtiment militaire devient musée
bertrand escolin | le 07/03/1997 | Rénovation, Gros œuvre, Culture, Architecture intérieure, Architecture
Sommaire du dossier
-Un escalier à double révolution dans un bâtiment du XVIIIe siècle. -Des galeries techniques couvrant les fenêtres. -Un double plancher qui rehausse les étages de 50 cm .
Au coeur du château des Ducs de Bretagne à Nantes, la réhabilitation du bâtiment dit du Harnachement présente plusieurs caractéristiques techniques. En conservant l'ossature de ce bâtiment militaire du XVIIe siècle, l'architecte Jean-François Bodin a créé le nouvel espace d'exposition du château sur trois niveaux, les deux derniers étages étant destinés aux bureaux et réserves.
Première transformation : la construction, au coeur du bâtiment, d'un escalier droit à double révolution. Sur une structure métallique, aux garde-corps en staff et aux marches en chêne, il permet de faire croiser visiteurs entrants et sortants par deux cheminements distincts, en respectant les contraintes de sécurité : la volée de sortie est plus large que l'entrante.
Il fallait ensuite aménager les grands étages de 500 m2 en plateaux d'exposition. La vaste surface initiale des deux premiers étages est ainsi répartie en plateaux séparés par deux pans de murs qui délimitent les espaces d'exposition, l'ascenseur d'un côté et les parties techniques et administratives de l'autre (côté sud).
« Paradoxalement, explique Régis Ribet, du cabinet Bodin, ce grand bâtiment était trop lumineux : il a notamment fallu masquer presque toutes les fenêtres pour permettre les expositions dans les normes muséographiques contemporaines. » C'est pourquoi des coursives techniques courent le long de la façade vitrée. D'une largeur de 1,20 m, elles abritent les courants forts et faibles, et les fluides : soufflage et reprise d'air. « Néanmoins, poursuit l'architecte, pour garantir un effet d'éclairage vers l'extérieur et masquer les gaines techniques, les fenêtres resteront à volets ouverts ; elles seront garnies de rideaux et éclairées de l'intérieur. »
Un plancher coupe-feu et résistant
Troisième particularité technique : le plancher des deux premiers étages a été doublé à 50 cm du plancher d'origine par des lattes en chêne sur structure métallique. Une solution qui permet à la fois d'assurer la surcharge admissible en cas d'affluence, et de faire passer les gaines afin de permettre une grande souplesse pour les connexions électriques liées aux expositions. En outre, le premier étage est conçu en coupe-feu (solives et BA13 coupe-feu).
Enfin, le projet conserve l'escalier de service du pignon sud, classé monument historique : il fait partie des 20 % du bâtiment qui sont maintenus à leur niveau initial et abritent ateliers, bureaux de ce futur lieu d'exposition. Le « harnachement » ouvrira ses portes en avril prochain.
FICHE TECHNIQUE
Maîtrise d'ouvrage : service bâtiment de la ville de Nantes.
Maîtrise d'oeuvre : Jean-François Bodin, architecte muséographe (Paris).
Entreprises : Cattoni (gros oeuvre), Lefebvre (ravalement), Airaud (parquet), Perrault (menuiserie bois), Charpentes de Paris (charpentes).
Montant : 22 millions de francs, dont ville 13,7 millions, Etat 5 millions, région 3,2 millions.
PHOTO
1. Dans le bâtiment rénové le nouvel espace d'exposition occupe trois niveaux.
2. L'escalier droit à double révolution est constitué à partir d'une structure métallique.
3. Les gaines techniques rejetées sur l'extérieur permettent de gérer l'éclairage.