Alain Stéphan, artisan travaillant seul : « En embauchant, on tombe dans un engrenage »
Alain Stéphan, 53 ans, artisan à Gigean (Hérault), compte profiter le plus longtemps possible des avantages du travail en solo. Spécialisé dans le second œuvre, il pense évoluer, l’âge avançant, vers un système de partenariats pour effectuer les gros travaux.
Laurent Duguet
« Quand je me suis lancé dans le bâtiment en 2009, je cherchais un complément de revenus en vue des études de mes enfants. Rapidement, en réalité, je me suis mis à mon compte et j’ai arrêté la fonction publique où j’en avais assez de gérer le stress des autres. J‘apprécie cette forme de liberté que sont le rapport direct au client, le fait de ne pas se dérober, d’être responsable.
Pourquoi avoir des salariés quand je vois les difficultés qu'a rencontrées mon frère aîné, aujourd’hui à la retraite, quand il ne dégageait qu’un salaire de 1 800 €/mois avec 4 personnes ? Il me dit régulièrement que j’ai raison, qu’il faut rester petit et qu’en embauchant, on tombe dans un engrenage, sans compter l’absentéisme qui dérègle l’organisation des chantiers. Je n’ai pas à me préoccuper de quelqu'un d’autre que moi et cette situation me permet de travailler douze heures par jour, dont trois heures pour les déplacements.
Etre seul, c’est aussi pouvoir proposer des taux horaires faibles, ce qui ne serait pas possible avec des salariés. Le plus compliqué quand on est seul, ce sont les déplacements pour récupérer les achats, un vrai casse-tête, et la réalisation de certains travaux lourds. J’ai quelques collègues qui m’aident et avec qui je partage des chantiers. Avec l’âge, et quelques problèmes de santé, je pense évoluer. J’aimerais continuer seul, mais en créant des partenariats, pourquoi pas sous forme de groupement informel pour effectuer les gros travaux ? Cela me permettrait de lever parfois le pied. »
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