
A Strasbourg, le mégachantier de l’eau commence à faire son trou
Christian Robischon (Bureau de Strasbourg du Moniteur) | le 19/03/2018 | Bas-Rhin, Strasbourg, Etat, Environnement, Santé
Le champ captant qui va sécuriser l’alimentation en eau potable de l’agglomération pour plus de 80 millions d’euros démarre ses forages.
Après les tuyaux, place aux puits. L’ample dossier (82,9 millions d’euros TTC de montant d’opération) de la création du nouveau champ captant de l’agglomération de Strasbourg (Bas-Rhin) bascule dans sa seconde phase. La pose du réseau de 18 km de canalisations en fonte ductile de Saint-Gobain PAM s’achève progressivement, au bout de deux ans de travaux. Elle est relayée par les forages, sur le site du champ captant à Plobsheim d’une dimension de 11 hectares. Une cérémonie avec les élus a officialisé lundi le démarrage du premier forage, qui remonte en fait à janvier.
Au total, six puits seront créés. A leur mise en service, fin 2019, ils relieront l’eau prélevée, pour une partie au réseau de distribution public, pour une autre au champ captant actuel situé dans le secteur du Polygone, à Strasbourg même. Celui-ci constitue à ce jour le point d’alimentation quasi unique de toute l’agglomération: 80 % de la consommation des 480 000 habitants repose sur lui. C’est donc peu dire que la diversification des sources «représente un enjeu majeur de sécurisation», comme l’a rappelé lundi Robert Herrmann, président de l’Eurométropole de Strasbourg, maître d’ouvrage. Le nouveau champ de Plobsheim aura une capacité de production équivalente à son aîné et il pourra prendre son relais en cas de dysfonctionnement voire d’arrêt temporaire complet de celui-ci. Auquel cas, il prélèvera un débit de 4 000 m3/heure avec un pic possible à 6 000 m3/heure. En situation normale, ce débit se limitera à 1 000 m3/h.
Dimensions exceptionnelles
Dans sa phase en achèvement, ce «chantier du siècle» pour Strasbourg s’est déjà distingué. Par sa longueur des canalisations — 23 km compte tenu d’un tronçon en double voie — et leur diamètre: 800 millimètres ou 1 mètre. «Ces dimensions sont exceptionnelles pour un chantier d’eau potable», souligne Arnaud Tréguer, directeur commercial France de Saint-Gobain PAM. A cause aussi des défis techniques qu’a imposés le rabattement d’une nappe phréatique presque affleurante (elle n’est qu’à 1 mètre de profondeur par endroits) qui a généré des suivis stricts de température, de matières en suspension et de taux d’oxygénation au niveau des rejets dans le milieu naturel. La phase de forage s’annonce tout aussi exigeante. Les puits descendront à 85 mètres de profondeur.
Maître d’ouvrage: Eurométropole de Strasbourg
Maître d’œuvre: Safège
Entreprises: Sogea Est Muller Travaux hydrauliques Alsace, Eurovia et le groupement Engie Ineo/Entreprise Jean Lefèbvre (3 groupements) pour la pose de canalisations et Speyser pour les forages
Montant d’opération: 82,9 millions d’euros TTC dont 7 millions d’euros (études), 65 millions d’euros (travaux) et 7 millions d’euros (mesures environnementales)