7 conseils pour réaliser des économies
Avec Adrien Jonard, manager chez KPMG (1), responsable régional réseau BTP et intervenant gestion à l’ESJDB (2)
L. Duguet
Dans le BTP, dès l’établissement du devis, l’entreprise incorpore ses frais de structures. Agir dessus, c’est se donner la possibilité d’optimiser les devis, d’augmenter sa rentabilité et d’être le plus concurrentiel possible. Or, la mise en place d’économies au sein de son entreprise ne consiste pas à tailler dans tous les budgets à l’aveugle et cette décision ne peut pas être synonyme d’urgence. L’entrepreneur va devoir tout mettre à plat (frais généraux, investissements, gestion de la trésorerie, production). Car réaliser des économies va avoir des conséquences et engendrer une réorganisation de l’entreprise. Tout d’abord, réaliser un audit - analyser chacun des points de ces cycles - est un impératif. Il convient aussi d’informer les salariés de cette philosophie pour les faire adhérer à cette démarche, d’autant qu’ils peuvent être force de proposition. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut lancer une organisation adaptée à la nouvelle configuration de l’entreprise.
Identifier les gisements d’économie
Il existe quatre vecteurs d’économies. Le premier porte sur les frais généraux. Dans ce domaine, ce qui pêche le plus couvre en général le coût de la téléphonie, des leasings et des assurances, trop rarement analysé. Certains postes peuvent dégager un gain de 20 à 30 %, comme la téléphonie, mais il convient de reprendre l’ensemble des frais et des contrats pour les renégocier.
Le second vecteur est celui de la production et concerne l’organisation des chantiers. Certains sont éloignés et entraînent un coût de déplacement sous-évalué. En la matière, la planification annuelle des heures de production permet de définir les mois en sur ou sous-production et d’anticiper en matière de gestion des chantiers.
Le troisième gisement d’économie a trait à l’investissement et notamment sur l’arbitrage entre location et acquisition. Là, non plus, l’entreprise n’optimise pas forcément l’utilisation de son matériel.
Enfin, la gestion de la trésorerie est fondamentale. Elle consiste à systématiser les comptes et les relances clients, à mettre en veille permanente les clients en cas de non-recouvrement de créances et à bien définir ses moyens de financements.
Le « plus » : Il est conseillé d’instaurer une procédure et de contrôler chaque poste, et de budgétiser les frais sur l’année. On peut aussi charger une personne de la centralisation des achats pour éviter tout doublon.
Réduire les coûts fiscaux
Trop souvent, l’implantation géographique des entreprises n’est pas suffisamment pensée, alors qu’il existe des zones franches urbaines ou des zones de revitalisation urbaine. Même si la fiscalité reste une étude au cas par cas, le statut du dirigeant est aussi source d’économie : il peut être salarié, non salarié ou prestataire. Pour bénéficier de ce dernier, il importe de créer une structure qui facture des prestations à la société d’exploitation, ce qui permet d’optimiser, d’un point de vue fiscal et social, la rémunération du dirigeant. Entre salarié et non salarié, le statut non salarié est moins coûteux si l’on veut rapidement baisser les coûts, mais les couvertures, principalement, prévoyances et retraites, ne sont pas les mêmes.
Un audit des charges fiscales peut s’avérer nécessaire : on peut ainsi vérifier que la taxe foncière tient bien compte de la réalité des bâtiments ou que l’on bénéficie du plafonnement de la CFE… Il est aussi conseillé de vérifier l’ensemble des crédits d’impôts auxquels l’entreprise peut prétendre.
Attention : En matière de TVA, il faut systématiser la datation du devis et la signature, avec le client, de l’attestation de TVA à 7 %, confirmant les conditions d’application. En effet, l’administration fiscale peut, en cas d’absence d’attestation, opérer un redressement systématique de 12,6 % de TVA (19,6 % - 7 %).
Vérifier la masse salariale
Il existe dans ce domaine trois facteurs d’optimisation.
Le premier domaine relève de l’analyse des cotisations sociales. Pour les entreprises ayant plusieurs activités, elles vérifieront le taux d’accident du travail (AT) qui leur est appliqué. Les taux sont différents entre le maçon, le plaquiste, l’électricien… En scindant les activités et en faisant la demande auprès de la Cram de taux différenciés, on peut réaliser d’importantes économies. Par ailleurs, il est possible de bénéficier, avec l’accord des salariés, d’un abattement de 10 % pour les ouvriers non sédentaires qui perçoivent des frais de déplacement. Ces 10 % sont déduits de la base brute du salaire avant le calcul des cotisations sociales. Enfin, il convient de vérifier et demander les aides à l’embauche.
Le second domaine est lié à la planification des heures. Si le ratio des heures payées sur les heures productives présente un important décalage, il faut anticiper et agir sur l’organisation des chantiers. Cela passe par l’utilisation, par exemple, de CDD de chantiers moins coûteux qu’un intérim. À long terme, il s’agit de pérenniser les compétences en fidélisant le capital humain de l’entreprise.
Le troisième volet appelle les entreprises à utiliser leur budget formation et à accompagner, par exemple, le salarié dans le déclenchement d’un DIF, applicable en dehors des heures de travail.
Optimiser le matériel de transport
En matière de véhicule improductif, si celui-ci est assujetti à la taxe sur les véhicules de société, l’amortissement du véhicule ne sera pas total. Un véhicule de tourisme revient très cher. Il conviendra d’arbitrer entre indemnités kilométriques et acquisition. De plus, si les salariés sont les bénéficiaires d’un véhicule de société, il peut être préférable de les laisser utiliser leur propre véhicule en les indemnisant plutôt que d’en disposer d’un.
Pour les véhicules productifs, l’entrepreneur mettra en balance le coût et l’utilisation. Même une fois acheté, faut-il le garder, le revendre ou le louer en créant une structure distincte ? Si l’on se penche sur le coût de financement de ce matériel, l’autofinancement est à proscrire. Si l’emprunt présente le coût de financement le moins élevé, le crédit-bail dégage une économie d’impôt importante grâce au premier loyer majoré tandis que la location longue durée doit être calculée entre les prestations proposées et leur coût.
A savoir : Pour le carburant, il est judicieux de mettre en place des procédures de contrôle de consommation du carburant. En matière d’assurance, une renégociation peut dégager 20 % d’économie. Enfin, pour l’entretien des véhicules, il convient de mettre en place une procédure surtout dans le cadre d’une externalisation (demande écrite, validation du devis).
Repenser ses achats
L’organisation interne des procédures d’achats et de gestion du contrôle des stocks est nécessaire. Ceci passe par un référencement et un suivi du stock et par la négociation de prix sur des quantités de matières les plus utilisés. Il importe également de mettre en place des vérifications automatiques entre le bon de commande, celui de livraison et la facture, tant sur les prix unitaires que sur la quantité. Trop d’erreurs passent ainsi inaperçues. En amont, une personne doit valider la commande pour éviter doublons et surconsommations. À chaque fin de chantier, l’entrepreneur devra effectuer un rapprochement entre le prix réel des fournitures et ce qui avait été budgétisé pour vérifier la cohérence entre l’établissement du devis et le coût réel. Quant au stock, on peut s’interroger sur la pertinence d’en revendre une partie ou de le ramener chez les fournisseurs s’il n’a pas été utilisé.
Minimiser son prix d’achat signifie qu’il convient de négocier ses prix, notamment via une massification des achats, entre autres par un regroupement, le choix de contrats cadres… L’achat sur l’année peut être affiné en calculant les achats des années précédentes.
Conseil : Ceux qui ont une bonne trésorerie peuvent négocier des remises pour paiement avant échéance. La démarche est intéressante pour ceux qui reçoivent des acomptes.
Repenser sa communication
Repenser la communication est une étape incontournable si l’on veut éviter des dépenses sans retour sur investissement pour l’entreprise. Bien définir sa clientèle, cibler les contours de sa zone de chalandise et budgétiser sa communication sont trois paramètres qui aideront l’entreprise dans cette démarche.
La communication low-cost est une solution. Elle consiste à apposer des logos sur les véhicules, à installer une panneautique sur les chantiers - ce qui est trop rarement mis en œuvre -, mais aussi à utiliser ses réseaux professionnels. Il peut être enfin pertinent de s’engager dans des activités associatives, dans des chambres consulaires pour être visible dans la commune où l’entreprise est implantée. Pour ce qui est des autres supports ou moyens publicitaires, la prudence et, en tout cas, la mesure sont de mise. Ainsi, pour la présence dans un salon professionnel, le coût engagé doit être proportionnel à ce que l’on peut en retirer. Si la cible n’est pas clairement identifiée, il ne sert à rien de s’engager dans de telles dépenses.
Enfin, en matière de site Internet, il apparaît, pour une question d’images auprès des particuliers, qu’il s’agit d’un incontournable, mais qui doit être construit et réactualisé, si nécessaire sans grands frais.
Se lancer dans les économies d’énergie
Les économies d’énergie sont un poste non négligeable, notamment pour le chauffage, l’eau, l’électricité qui sont des postes où un minimum de contrôle est souhaitable. L’entreprise peut aussi se lancer dans une politique de développement durable en la liant à son activité. Il peut s’agir d’équiper un entrepôt de panneaux photovoltaïques. Le tout consiste à analyser l’intérêt ou pas d’un tel dispositif. On évaluera alors les gains futurs d’économie d’énergie au regard des coûts présents et à venir ainsi que les coûts de l’investissement et du financement.
En termes d’image de marque, ce peut être un vecteur porteur, voire nécessaire si l’entreprise propose une partie de son activité autour de solutions liées aux économies d’énergie. Le choix de se lancer dans des marchés de « niche » peut se porter sur plusieurs domaines, notamment au regard de son offre à l’égard de sa clientèle : bâtiment basse consommation, accessibilité des personnes handicapées, habitat senior, domotique sont autant de marchés à défricher.
Conseil : Le choix de se lancer dans des marchés de « niche » peut se porter sur plusieurs domaines, notamment au regard de son offre à l’égard de sa clientèle : bâtiment basse consommation, accessibilité des personnes handicapées, habitat senior, domotique sont autant de marchés à défricher.
(1) Cabinet d’expertise comptable
(2) École supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment. www.esjdb.com
Top 1000 des entreprises du BTP
AbonnésRetrouvez le classement annuel des 1 000 plus grandes entreprises de BTP et construction en France
Je découvre le classement7 conseils pour réaliser des économies
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir